Du premier château à motte jusqu’à la dernière puissante forteresse royale édifiée, les hommes s’efforcèrent toujours de trouver de nouvelles techniques en matière de défense afin de préserver leur domaine ou leur pays.
« Écrire une histoire générale de l’art de la fortification est un beaux sujet, mais on doit convenir qu’un pareil sujet exigerait des connaissances très variées, car il faudrait réunir à la science de l’historien la pratique de l’art de l’architecture et de l’ingénierie militaire. », c’est ainsi qu’Eugène Violet le Duc introduisait son éminent ouvrage sur l’architecture militaire médiévale. Découvrons très succinctement les grandes lignes…
Le donjon
En France, les premières véritables forteresses réapparurent vers le XIème siècle quand les normands introduisirent le principe de protection du territoire. Pour ce faire, ils construisirent sur leur domaine une énorme quantité de donjons et de maisons fortifiés afin de sauvegarder leurs intérêts. Ces donjons se répandirent rapidement sur tout le territoire français mais n’étaient guère que des lieu de retranchement.
Leur masse, l’épaisseur de leurs murs et leur difficulté d’accès ne formaient que des défenses passives, en faisant d’excellentes retraites. A l’abri de ces puissants mur, l’assiégé pouvait se protéger des troupes armées d’arcs et d’arbalètes, possédant quelques engins de sièges imparfaits et ne pouvant recourir, en dernier ressort, qu’à la sape. Par contre, cet assiégé n’avait aucune possibilité pour causer de grosses pertes à l’assiégeant, il ne pouvait pas faire de sortie de par la conception étroite des accès et de leurs situations (les portes se trouvaient souvent à plusieurs mètres au dessus du sol) et bien sûr, de le repousser. De cette manière, le siège du donjon ennemi pouvait durer des mois jusqu’à ce que les assiégeants, fatigués, lèvent le camp ou jusqu’à ce que les assiégés, affamés, se rendent.
Vers le XIIème siècle, avec l’évolution des engins de siège, les donjons carrés montrèrent des signes de faiblesse. Les coins saillants, mal défendus, devenaient facilement accessible aux sapeurs, qui pouvaient alors, presque sans danger, effondrer un pan de mur et assurer la victoire à leur camp. Il fallut donc repenser le mode de défense.
Le premier changement intervint dans la forme principale du donjon. On lui préféra une surface circulaire plutôt que carrée. De cette manière, les angles morts disparaissaient et le travail de sape redevenait dangereux et long.
Le deuxième problème à résoudre venait des engins de guerre envoyant des projectiles de plus en plus lourd afin d’affaiblir la muraille. La solution était soit de les empêcher d’approcher trop près du donjon, soit de pouvoir effectuer des sorties pour les détruire. Il fut donc créé des fossés tout autour du donjon pour ralentir la progression de l’ennemi, puis des remparts (ou chemise) afin de les assaillir de projectiles pendant qu’ils étaient à découvert. L’atout de ce système était double, après avoir contenu les assiégeants loin du donjon, la place créée entre le rempart et le donjon permettait de rassembler des troupes qui n’auraient pu loger dans le donjon et de tenter des sorties afin de briser les assauts de l’ennemi.
D’autres systèmes ingénieux complétaient ces défenses. On construisit des créneaux en haut des remparts. Ils permettaient aux défenseurs de lancer des projectiles sur l’ennemi et de se protéger juste en se décalant. De la même manière, pour pouvoir tirer depuis l’intérieur du donjon ou du bas des murailles, on ajouta des meurtrières. Ces ouvertures permettaient à des archers ou des arbalétriers de tirer sur les assaillants tout en restant à l’abri des épais murs.
Les premières forteresses apparaissaient.
Les remparts
La grande puissance destructrice des nouveaux engins de guerre et la durée de plus en plus longue des sièges obligèrent les seigneurs à réadapter leurs forteresses. Un simple donjon avec une chemise n’était plus suffisant, il fallait pouvoir loger au sein de la place forte des troupes armées et des ouvriers, stocker des matériaux de réparation, de défense et des vivres. Pour cela, on éleva une seconde enceinte. Ce nouveaux rempart devait, lui aussi, être construit de manière à protéger efficacement le reste du château.
Il fut d’abord accompagné par un profond fossé, parfois remplit d’eau afin, une fois encore de ralentir les assaillants. Certains seigneurs installaient, en prolongement de ces remparts, des barbacanes. Ces aménagements étaient des réduits fortifiés, avancés vers l’extérieur, afin de briser la ligne de front des assiégeants.
Pour assurer le flanquement le long du rempart, on ajoutait des tours ou des échauguettes (petite tourelle plantée en haut de la muraille). Ces tours, de même que tout le reste des remparts, possédaient des meurtrières, ainsi que, si l’endroit en avait besoin, des hourds. Ces aménagements, permettaient au assiégés de pouvoir tirer sur l’ennemi tout en restant protégés, mais aussi, de par leur avancé de jeter des projectiles sur les sapeurs arrivés près des murailles.
Plus tard, on reprit le principe de ces hourds en les construisant en pierre, ce furent les mâchicoulis.
Les portes
Les portes sont les endroits les plus fragiles dans la forteresse. Indispensable pour les allées et venues, elles sont, au début du moyen-âge, en bois et mobile, de façon à les retirer facilement lors d’une attaque. Lorsque les premiers donjons de pierres font leur apparition, elles sont aménagées en hauteur afin qu’aucun assaillant ne puisse y parvenir. Malheureusement, le besoin de faire sortir des troupes par ces portes, obligent les architectes à les rapprocher du sol, et à les fortifier.
Les premières modifications apportent une succession de portes et de herse (grille en fer) afin de retarder l’intrusion des ennemis. On décide ensuite de les protéger en construisant entre deux portes une petite bastide. Généralement, deux tours flanques la porte principale pour augmenter sa protection. En fonction de tous les aménagement de la forteresse, une multitude de types de portes est fabriqués, allant de la simple porte en bois, au pont-levis, en passant par la porte à bascule.